mercredi 9 novembre 2016

"J'AI BEAUCOUP D'AMOUR À LA VILLE D'ALHUCEMAS ET À SES HABITANTS". Les Journées Interculturelles racontées par les élèves de 4ème de ESO

LES JOURNÉES INTERCULTURELLES


Du mardi 18 au vendredi 21 octobre, au Colegio,  on a eu une semaine très animée. En effet, à travers les Journées Interculturelles nommées « Edmundo Seco y la ciudad de Alhucemas » et « José Lacalle y Aluhucemas» des jours 18, 19 et 20 octobre de 2016 nous avons pu connaître des personnages espagnols importants pour notre ville pendant le Protectorat, apprendre un peu d'histoire, mais surtout comprendre que la cohabitation entre différentes cultures est possible quand règne le respect.

Le premier jour,  il y a eu une  inauguration des Journées par le directeur du lycée, Eduardo Garrigós Picó et deux  interventions de  Vicente Moga,  directeur de l’Archivo de Melilla et de  Miguel Lacalle, fils de  José Lacalle Quijano,  premier photographe espagnol d’Alhucemas. 

On a inauguré une exposition photographique de l'oeuvre de José Lacalle sous le nom "Naissance et  développement de la ville" et une autre exposition sur Edmundo Seco. 

Le deuxième jour, pendant la matinée , les élèves de différents lycées de la ville et ceux du Jovellanos  ont pu faire un parcours en ville  en visitant les lieux qui restent de cette époque, guidés par  Vicente Moga,  Miguel et Santiago Lacalle et Abdelhamid Raiss.


Et le troisième et dernier jour, il y a eu un acte de clôture des Journées avec les interventions de professeurs, historiens et écrivains sur "La cohabitation dans la ville: passé et présent". On a rendu aussi hommage à l'écrivain Juan Román.




MAIS QUI ÉTAIT EDMUNDO SECO?





Edmundo Seco, militaire, fut le premier fonctionnaire qui a supervisé la construction civile de la nouvelle ville qui s'est étendue après le débarquement des espagnols en 1925. Grâce à lui, il y eut un grand essor dans le développement urbanistique de notre ville. Il a fondé aussi le "Patronato de Enseñanza" (1932), un centre scolaire qui a offert les premiers cours du bachillerato. C'était un homme de fermes convictions ( Vicente Moga, de l'Archivo de Melilla nous a parlé lors de sa conférence de son appartenance à la Loge maçonnique Cabo Carats) et comme il refusa de participer à la rébellion contre la République Espagnole du 18 juillet 1936, il fut exécuté le 15 juin 1937 à Ceuta par l'armée du Général Franco.


JOSÉ LACALLE: UN TÉMOIN DE L'HISTOIRE


UN VIEIL APPAREIL PHOTO
Quand on est descendus au vestibule du lycée avec la prof de français, on a pu voir avant tout le monde l'exposition de photographies du premier photographe espagnol d’Alhucemas, José Lacalle Quijano, présentée par un de ses fils, Santiago Lacalle Quijano, qui nous a fourni un entretien exclusif pour ce reportage.

Premièrement, Santiago Lacalle a capté notre attention avec un appareil -photo, ancien, très ancien, très grand et lourd, daté entre 1925 et 1930 (Il ne lui manquait que 14 ans pour avoir un siècle!!!). L’appareil était utilisé dans deux de leurs commerces de photographie, un dans la Rue Alhucemas appelé  « Foto África » et l’autre appelé « Foto España »  près de l'Hôtel Florido. 





Les élèves étaient très intéressés par la photographie et ont posé beaucoup de questions sur le thème. Selon Santiago Lacalle, en 1950, quand la photographie a changé en abandonnant le noir et blanc, un style terne mais élégant, et s'est transformée en captant toutes les couleurs; le style est passé à être plus vivant, et il a mieux montré les sensations que transmettaient les paysages. (Nous avons pu apprécier ainsi les belles photos de Miguel et Santiago Lacalle, trois générations de photographes!!.) 

Photo de Maria Angustias Muñoz y Miguel Lacalle
FLORES DE ALHUCEMAS

DES TÉMOIGNAGES EN PHOTOS
M. Santiago nous a aussi raconté des choses à propos d’Alhucemas. Par exemple, quand il étudiait dans l’ancien lycée espagnol, « El Patronato », il y avait un piano avec des touches d'ivoire (actuellement, il est ici, au Colegio !!), et les élèves en arrachaient quelques unes pour faire avec celles-ci des porte-clés.

Il nous a montré les photos de son père et nous a parlé de la venue entre les années 1927 et 1928 du roi d’Espagne, Alfonso XIII, pour voir comment était le terrain qu'il avait conquis. 
Photo de José Lacalle
Les débuts de Villa Sanjurjo


 
Alhucemas ou « Villa Sanjurjo » était une petite ville de deux rues principales, un chemin de mules vers « la baie de Quemado » et une seule route vers le port, et en plus elle n'avait pas d’eau potable et les habitants devaient  l’apporter de « Tala Youssef » où il y avait une machine de désalinisation d'eau. Les photos étaient superbes et nous étions tous très attentifs aux explications de Santiago Lacalle qui nous montraient l'évolution de notre ville.

ALHUCEMAS DANS LE COEUR
Pendant l’entretien, est apparu tout à coup un monsieur pas très grand, âgé et avec l'air d'être une personne très sympathique; il s'agissait de Pascual Román Sempere, actuel président de l'Association d' Anciens Résidents d‘Alhucemas. Et on a profité de sa présence pour lui poser des questions imprévues qui ont fini avec des réponses très intéressantes.
M. Roman, lors de l'hommage à son frère Juan Román.
Pascual est retourné en Espagne en 1973 et il avait un frère appelé Juan Román. Leur père voulait que Juan soit avocat, mais quand il est allé à Grenade il est devenu artiste parce que c'était son rêve. En plus, il a été capable de faire connaître Shakespeare en "chelja" durant son séjour en Italie (Le Chelja est une variante de l'amazigh, une langue indigène du nord du Maroc). 
Pascual Roman nous a aussi raconté des anecdotes très intéressantes et même bizarres. 
Une de celles qu' il nous a racontée parlait, par exemple : d’un jour de 1949, quand un vent violent a réduit en miettes la jetée et a dévasté « la baie de Quemado » ou une autre sur le suicide légendaire d’un monsieur nommé Pedro, qui a sauté de la falaise appelée « Morro Viejo » habillé à l'andalouse et avec son cheval noir.




Et l’entretien a fini avec un instant qui nous a beaucoup ému, quand M. Pascual a dit ces mots: "J'ai beaucoup d’amour à la ville d’Alhucemas et à ses habitants". Alors qu'il disait cela, des larmes commençaient à couler de ses petits yeux. Ça représente son amour à la ville qui l'a vu grandir et c’est ici qu’il veut que l’on l’enterre. On appelle cela: le vrai amour.

UN TÉMOIN DE LA VIE D'ALHUCEMAS: Santiago Lacalle

M. Santiago Lacalle a bien voulu répondre à nos questions:
-" Quelle est votre réaction quand vous revenez à votre ville ?
- Ce sont  des sentiments que je ne peux pas  transmettre avec des mots. Je suis très heureux  d’être ici.

-Pour vous c’est quoi la photographie ?
-La photographie peut être un mode d’expression et chacun peut représenter un paysage a partir de différentes perspectives. 

-Est-ce que cet appareil-photo a été utilisé par votre père ?
-Oui, il l'a utilisé dans son studio FOTO ESPAÑA.

-De quelle marque est l'appareil-photo? Et quand a-t-il été fabriqué?
-Je crois que c’est  une marque allemande fabriquée entre 1925 et 1930.

-Est-ce-que vous pouvez nous parler de la vie d Al-Hoceima à votre époque ?
-C'était une ville  simple avec des constructions simples, mais malheureusement tout ou presque tout a été détruit.

-J’ ai écouté que vous avez  étudié  ici au "Patronato" espagnol, c’était comment l' ambiance  alors ? Vous  vous souvenez de quelques anecdotes pour nous raconter ?
-Oui,  c’est vrai! J’ai étudié ici pendent plusieurs années et l' ambiance  était moins tranquille que celle de maintenant. Je me souviens  qu'on enlevait les touches du piano pour faire des porte-clés, alors quand j'ai vu le piano il m'a suffit de lever le couvercle du clavier pour voir que c'était notre vieux piano."

LA VISITE EN VILLE.

TOUS ENSEMBLE!!
C'est le 18 octobre et  nous sommes tous contents car nous allons visiter la ville avec des élèves d'autres lycées (Badissi, Mulay Ali Cherif et Iman Malik). Nous irons voir les plus anciens immeubles de la ville, construits par les espagnols à l’époque du Protectorat. 



Photos faites par les élèves de 4ème de ESO
NOTRE VILLE
Le premier édifice qu'on a visité c'est  la Bashaouia, qui se trouve juste à côté de notre lycée, un autre immeuble qui a été la caserne  militaire du général Sanjurjo. Ces deux monuments ont été construits au cours des années 1930 à 1935, et on les conserve en parfait état. Après avoir un peu marché , on est allés sur  la place du Rif, faite aussi par les espagnols et qu'on appelait à l'époque  Plaza de España. Sur cette place,  se trouve un des hôtels plus célèbres d'Al Hoceima, l'Hôtel Florido. Cet hôtel a été construit pendant le protectorat, et il a  beaucoup changé depuis lors. On trouve aussi un vieux restaurant nommé Villa Sanjurjo mais ce qui nous a beaucoup plu c'est voir Foto España, le studio de  José Lacalle.

Un peu plus loin de cet hôtel, on a visité deux autres édifices espagnols: le premier était une station du radio, et l'autre un hôpital privé. Finalement, on a visité l'église  de San José face au jardin Parc Chita (Ce parc avait un zoo avec des singes, de là son nom, comme la guenon de Tarzan.) Le prêtre nous a expliqué pourquoi les  églises se situent souvent face à un parc: selon lui, c'est pour faciliter la célébration des mariés en sortant de l'église

UNE BONNE EXPÉRIENCE
À vrai dire, cette expérience a été très intéressante  parce qu' on nous a mélangés avec des élèves d'autres lycées marocains pour connaître notre ville d' Al Hoceima  ou Villa Sanjurjo.





LE FILM

Nous avons vu un film aussi. Il s'agit d'un reportage de la télévision marocaine. Le reportage nous parle de notre ville pendant les années 50. Nous pouvons voir comment le président de l'Association Mémoire du Rif, Omar Lamalam, nous raconte que dans notre zone qui  avant s'appelait Tagshut les gens s'occupaient de l'agriculture et de la pêche. Après leur arrivée en 1925, les espagnols ont décidé de fonder une ville parce que c'était une position stratégique, c'est ainsi qu'ils l'ont appelée Villa Sanjurjo. Selon Yassin Errahmouni, il y a encore beaucoup de gens qui appellent la ville par son ancien nom.

La nostalgie fait revenir à AL Hoceima à ses anciens habitants espagnols. Ils visitent le cimetière chrétien où reposent les espagnols qui sont morts dans notre ville, et aussi des personnes qui ont voulu être enterrées ici. Pour Pascual Romero, un des anciens résidents, Al Hoceima est une ville spéciale où il veut être enterré. 
La chose la plus choquante de ce reportage c'est le grand amour à notre ville et à ses habitants de ces espagnols qui ont vécu ici à l' époque.


La cohabitation: passé et présent.


Nous avons voulu savoir de près ce que représentait le passé d’Al Hoceima pour une de ses habitants. En effet, quand on parle avec les personnes plus âgées qui ont vécu quand les espagnols étaient ici, on est un peu surpris par leurs souvenirs.



« - Bonjour Khadija, merci de nous donner un peu de votre temps.- C’est rien. Merci à vous.

- Ma première question: Quel est le premier nom de la ville d’Al Hoceima?
- Villa Sanjurjo.

- Pourquoi ils ont nommé la ville ‘’Al Hoceima’’ et ne lui ont pas laissé celui de Villa Sanjurjo?
-Parce que Villa Sanjurjo était le nom du général Sanjurjo. Et après l’indépendance le nom a changé à Alhucemas. Mais les personnes âges de la zone rural l’appellent encore ‘’Villa’’

- Comment était la coexistence avec les espagnols?
- La coexistence était géniale. Il n’existait pas de différence entre les espagnols et les marocains. Il n’existait pas une différence entre la religion, ni la culture, ni la vie sociale. On était comme une famille.

- Vous avez toujours des relations avec vos amis d’avant?
- Oui, nous sommes encore en contact. On se voit tous les ans. On se voit grâce à l’ Association des Anciens Résidents. Et ils ont aussi un magazine ‘’Heraldo’’, où ils racontent toutes les histoires de cette ville.

- Qu’est-ce-que vous voudriez améliorer d’Alhoceima?
- Trop de choses. En commençant par un centre culturel qui contienne tous les arts (peinture, musique, cinéma, etc.) et une université pour donner une ambiance de grande ville.

- Comment était la vie à cette époque?
- Elle était plus espagnole que de nos jours et avec une mentalité ouverte. Il y avait plus de familles espagnoles que marocaines.

- Il y a eu des changements depuis votre enfance jusqu’aujourd’hui?

- La première chose : l’école. Nous avions le système éducatif de Franco. On devait hisser le drapeau avant d’entrer au Colegio. Et en plus cette époque était pleine de touristes.

- Merci beaucoup Khadija.
- Merci à vous.


C'est un travail collectif des élèves de 4ème de E.S.O.

1 commentaire:

  1. BUENOS DIAS. Es formidable esto. Luego tengo un cuñado en Zaragoza (Yo vivo en Paris) Este cuñado de 82 añitos esta enfermo ( Alzheimer) y poco a poco esta perdiendo la memoria. Estoy seguro que si algunos antiguos españoles de Villa Sanjurjo se acordarian de el y escribieran a su hijo Alejandro Algarra. Este y su madre mi hermana Conchi hablaria de la ciudad a su esposo y padre..
    Y pueda ser recordaria cosas antiguas y seria una suerte para su memoria.

    Enfin el nombre de mi querido cuñado es Francisco Algarra Cazorla y fué en los años 1950/1957 Mecanico de coches de pasajeros "La valenciana" Trabajo en Alhucema, Tetuan y tanbien Casablanca... Luego a la "Independencia" se retiro a trabajar a Zaragoza.
    Esto es una botella al Mar..Pero sé que hay gentes que tiene corazon. GRACIAS

    Mi email que yo enviaria (vuestro mensaje) a mi sobrino andres.troyano75gmail.com

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